- immunité
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• 1276; lat. immunitas, de munus « charge »I ♦ Exemption de charge, prérogative accordée par la loi à une catégorie de personnes. ⇒ dispense, franchise, privilège. Immunité de la noblesse. Immunités accordées à l'Église. — Exemption des règles générales en matière juridictionnelle, fiscale. — Spécialt Immunité parlementaire, accordée au parlementaire, lui assurant une protection contre les actions pénales exercées contre lui. ⇒ inviolabilité, irresponsabilité. — Immunité diplomatique : ensemble des privilèges résultant de l'exterritorialité et qui soustraient les diplomates étrangers, leurs familles, le personnel officiel des ambassades, aux juridictions du pays où ils résident. II ♦ (1866) Biol. Propriété que possède un organisme d'être réfractaire à certains agents pathogènes. Immunité naturelle. Immunité acquise (⇒ accoutumance, immunisation, mithridatisation) , spontanée ou provoquée (⇒ vaccination) . Immunité humorale, causée par la présence d'anticorps spécifiques. Immunité cellulaire, impliquant la production de cellules spécialisées (⇒ immunocompétent) qui réagissent avec les antigènes étrangers à la surface d'autres cellules de l'hôte. ⊗ CONTR. (du II) Allergie, anaphylaxie, sensibilisation.immunitén. f.d1./d Privilège, prérogative accordés à certaines personnes.|| Spécial. Immunité parlementaire: inviolabilité judiciaire accordée à un parlementaire pendant la durée des sessions (impossibilité de le poursuivre sauf en cas de flagrant délit).— Immunité diplomatique, qui soustrait les membres du corps diplomatique à la juridiction du pays où ils sont en poste.d2./d BIOL Propriété que possède un organisme vivant de développer des moyens spécifiques de défense (naturels ou acquis) contre un agent pathogène extérieur (infectieux, toxique, tumoral) ou contre un corps étranger (greffe, cellules d'un autre individu).— état d'un organisme immunisé. Ant. anaphylaxie.Encycl. Biol. - L'immunité dépend de deux types de systèmes: humoral (anticorps et complément); cellulaire (lymphocytes, macrophages). Chaque type d'immunité, antibactérienne par ex., peut être acquis naturellement (transmission par la mère, acquisition lors d'une infection atténuée ou d'une grossesse) ou artificiellement (vaccination, transfusion). Elle provoque l'éviction des corps étrangers de l'organisme par la mise en jeu de différents systèmes: phagocytose, neutralisation, élaboration d'anticorps. L'immunité est déprimée en cas d'hémopathie maligne, de cancer ou lors de certains traitements; une telle dépression favorise les infections. Dans l'immunité de greffe, le rejet du greffon incompatible constitue la réponse spécifique de l'organisme hôte au greffon qui se comporte en antigène.⇒IMMUNITÉ, subst. fém.I. — DR. Exemption (de charge); prérogative accordée à une catégorie de personnes (et, p. méton., à certains lieux). Synon. dispense, exonération, franchise, privilège. Immunité fiscale; immunité d'impôts. [Les États du royaume] (...) redemandèrent les franchises, libertés, privilèges et immunités, tels qu'ils avaient été donnés par Philippe-le-Bel (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 202). Ces immunités scandaleuses qui, dispensant de l'impôt quelques privilégiés, en rendaient le poids intolérable aux autres citoyens (MÉRIMÉE, Don Pèdre, 1848, p. 76) :• 1. L'immunité (...) dont jouissaient, à l'époque mérovingienne et carolingienne, (...) certains grands domaines (...) consistait dans l'exemption des impôts et corvées dus au roi et dans l'interdiction faite à ses agents de pénétrer et d'instrumenter sur le domaine immuniste.Archéol. chrét. 1926.— DR. CANON. Immunités de l'Église, immunité(s) ecclésiastique(s). Ensemble des prérogatives accordées à l'Église. Violation des immunités de l'Église (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 143). Pour la première fois était nié officiellement par la fille aînée de l'Église tout droit pour l'Église d'intervenir dans les affaires de l'État, fût-ce pour défendre les immunités ecclésiastiques (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 118).— DR. CONSTIT. Immunité parlementaire. Privilège des parlementaires qui sont soustraits à toutes actions pénales pendant la durée de leur mandat, sauf en cas de flagrant délit. Synon. inviolabilité. Lever l'immunité parlementaire. Inviolabilité ou immunité parlementaire. (...) Pour qu'un député puisse accomplir ses devoirs en tant que représentant du peuple, il doit de toute évidence être libre de dire ce qu'il veut dans l'Assemblée, de voter comme il le désire sans risque d'action en justice (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 103).— DR. INTERNAT. PUBL. Immunité diplomatique. Privilège dont bénéficient les diplomates étrangers, leur famille, le personnel étranger des ambassades et certains membres d'organismes internationaux, les soustrayant à la législation du pays où ils résident. Les membres de la cour jouissent, dans l'exercice de leurs fonctions, des privilèges et immunités diplomatiques (Charte Nations Unies, 1946, p. 115).II. — MÉDECINEA. — Résistance d'un organisme à l'action d'un poison ou d'un agent pathogène, qui peut être naturelle ou acquise (soit artificiellement au moyen d'un vaccin ou d'un sérum approprié, soit de façon spontanée à la suite d'une première infection surmontée). Anton. anaphylaxie. Immunité acquise, provoquée, spontanée; immunité congénitale. Ceci explique (...) que certaines immunités acquises (les immunités vaccinale et sérique, en particulier) ne soient pas définitives et aient besoin d'être renouvelées (QUILLET Méd. 1965, p. 194) :• 2. Parmi les êtres humains, les uns sont sujets à certaines maladies et les autres réfractaires. Cet état de résistance vient d'une constitution spéciale des tissus et des humeurs qui empêchent la pénétration des agents pathogènes ou les détruisent quand ils ont pénétré. C'est l'immunité naturelle. Elle préserve certains individus de presque toutes les maladies.CARREL, L'Homme, 1935, p. 247.— P. ext. Fait d'être à l'abri d'un danger physique. Un mystère surtout entoure Balthazar : celui de son immunité. Voici son secret. Il se frotte de fenouil écrasé. Les abeilles désarment en touchant cette tête qui fleure le buisson, cette chair à l'odeur végétale (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 46).B. — Au fig. Fait d'offrir une résistance morale à (toute atteinte); p. méton., cette résistance. Synon. invulnérabilité. Le mérite de cette heureuse immunité [ne pas envier] ne me revient pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui manquaient de presque tout et n'enviaient à peu près rien (CAMUS, Env. et endr., 1937, p. 16). Cécile est invulnérable; elle jouit, et elle le sent bien, d'une immunité merveilleuse (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 10).REM. Immuniste, adj. et subst., hist. du dr. féod. (Domaine, personne) qui bénéficie de l'immunité (supra I). Les anciens domaines immunistes ont conservé en grande partie, aux Xe, XIe et XIIe siècles, leur condition juridique antérieure. (...) Sur ces anciennes terres d'immunité, désormais tenues en franche aumône, l'ancien immuniste, évêque ou abbé, possède et exerce tous les droits souverains (Archéol. chrét. 1926).Prononc. et Orth. : [im(m)ynite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [1276 d'apr. BL.-W.1-5] a) 1341 « exemption (de charges, d'impôts...) » (Stat. d'Edouard III, an XIV ds GDF. Compl.); b) 1367 « droit d'asile » (ROISIN, Franchises, lois et coutumes de la ville de Lille, p. 418 ds T.-L.); 1890 immunité parlementaire, immunité diplomatique (Lar. 19e Suppl.); 2. 1865 méd. (LITTRÉ-ROBIN). Du lat. class. immunitas « exemption, dispense, remise ». Fréq. abs. littér. : 73. Bbg. QUEM. DDL t. 8. - RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 440.immunité [i(m)mynite] n. f.ÉTYM. 1276, in Bloch-Wartburg, « sûreté »; lat. immunitas « exemption de charge », de im- (→ 1. In-), et munus « charge ».❖———I (1474). Exemption de charge, prérogative accordée par la loi à une catégorie de personnes. ⇒ Dispense, exemption, franchise, liberté, privilège. || Immunité de charges, d'impôts. — Hist. du dr. || Immunité de la noblesse, de la magistrature, consistant en exemptions de certaines charges publiques. || Immunités accordées à l'Église : immunité personnelle (honneur dû aux clercs, préséance sur les laïcs, exemptions de corvée, de service militaire…), immunité de juridiction (privilège de clergie), immunité des abbayes (autonomie de certains monastères). || Congrégation de l'immunité, jugeant des cas relatifs aux immunités ecclésiastiques.1 (…) franchises, immunités, exemptions, privilèges, que manque-t-il à ceux qui ont un titre ?La Bruyère, les Caractères, XIV, 13.2 Pertinax avait assuré la propriété et l'immunité des impôts pour dix ans à ceux qui occuperaient les terres désertes en Italie (…)Michelet, Hist. de France, I, III.♦ (À l'époque franque). || L'immunité est une des institutions qui annoncent la féodalité. || Charte, diplôme d'immunité, conférant l'immunité à un propriétaire.3 L'immunité est un privilège accordé par le roi à un grand propriétaire ou à un établissement ecclésiastique et qui consiste à interdire ses domaines à l'action des agents royaux.Olivier-Martin, Hist. du droit, §175 (éd. Dalloz).♦ Dr. mod. Exemption des règles générales en matière juridictionnelle, fiscale… || Immunité accordée aux parents, aux époux, exemptés des peines du vol.♦ (1890). Dr. constit. || Immunité parlementaire, accordée au parlementaire pour sauvegarder « l'indépendance d'exercice (de son) mandat » (Prélot), et lui assurant une protection contre les actions pénales exercées contre lui. ⇒ Inviolabilité, irresponsabilité. || Les immunités sont valables pendant la durée du mandat, en matière criminelle et correctionnelle, et sauf flagrant délit; elles peuvent être levées par la Chambre dont l'accusé fait partie (levée d'immunité).♦ Dr. internat. publ. || Immunité de juridiction, en vertu de laquelle les États ne peuvent être soumis contre leur volonté à la juridiction d'un État tiers. || La règle de l'immunité absolue souffre des exceptions (actes de gestion, matières commerciales…). — Immunité diplomatique : ensemble des privilèges résultant de l'exterritorialité et qui soustraient les diplomates étrangers, leurs familles, le personnel officiel des ambassades, aux juridictions du pays où ils résident.———II (1866, in Littré).1 Biol. Propriété que possède un organisme d'être réfractaire à certains agents pathogènes. || Immunité naturelle, congénitale. — (1867, in D. D. L.). || Immunité acquise. ⇒ Immunisation. || Immunité spontanée (à la suite d'une maladie infectieuse; syn. : auto-immunisation, immunition), immunité provoquée. ⇒ Vaccination. || Substances qui confèrent l'immunité. ⇒ Immunigène; anticorps, antigène, complément (4.), sérum, vaccin; immuniser. || L'immunité provoquée peut être active ou passive. || Immunité aux substances toxiques acquise par ingestion progressive. ⇒ Accoutumance, mithridatisme.4 C'est vers la recherche des facteurs de l'immunité naturelle que les sciences médicales devraient, dès aujourd'hui, s'orienter.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, p. 248.5 La pénétration dans notre corps d'un germe infectieux, même très virulent, ne détermine pas toujours une maladie. On dit alors que l'organisme est immunisé. Le cas de l'homme auquel on ne peut transmettre la peste bovine, celui de la poule réfractaire au charbon, comme le chien l'est à la syphilis, nous offrent plusieurs exemples d'immunité dite naturelle, c'est-à-dire d'organismes qui se trouvent spontanément à l'abri d'une infection déterminée, grâce à une active phagocytose.P. Vallery-Radot, Notre corps, p. 59.6 Les journaux (…) avaient rapporté que deux cents ans auparavant, pendant les grandes pestes du Midi, les médecins revêtaient des étoffes huilées, pour leur propre préservation. Les magasins en avaient profité pour écouler un stock de vêtements démodés grâce auxquels chacun espérait une immunité.Camus, la Peste, p. 255.❖CONTR. (Du II.) Allergie, anaphylaxie, sensibilisation.DÉR. Immunitaire, immunition.
Encyclopédie Universelle. 2012.